Les voyages forment la jeunesse, dit-on. La jeunesse, certes, mais également la sensibilité, la mémoire...
Et l'odorat.
C'est pour me nourrir d'odeurs nouvelles et envoûtantes, et aller à la rencontre d'acteurs de la parfumerie, que je décide, en décembre dernier, de prendre mon sac à dos et de partir quelque temps dans le sud de l'Inde.
Mon métier de parfumeur m'a guidée au milieu des plantations d'épices, de fleurs, à la découverte d'odeurs et de saveurs exotiques, exaltées par la chaleur environnante.
Impressions olfactives, photos, anecdotes seront donc les maîtres-mots de ce blog, dans lequel, je l'espère, professionnels des odeurs et novices passionnés de l'Inde pourront trouver de quoi satisfaire leur curiosité...

lundi 25 janvier 2010

Emerveillement au marché aux roses de Kodai Road

Il est des instants inoubliables, furtifs, intenses, qui vous rappellent pourquoi vous êtes là où vous êtes, pourquoi vous faites ce que vous faites. Le souvenir de cette matinée, le nez sur une rose, fait partie de ces rares instants.
Quelques minutes, peut-être vingt tout au plus, qui restent figées dans ma mémoire comme une explosion sensorielle. Et me rappellent pourquoi j'ai choisi mon métier.


Ce marché, donc. Un marché aux roses. Où tout se vend aux enchères. Où les roses sont vendues comme on vendrait des pommes de terre. Rapidement, sans ménagement, sans même jeter un coup de nez dessus. Parce que les roses, ici, ne sont pas destinées à satisfaire l'odorat vulgaire de nous autres mortels. Mais parce qu'elles sont destinées aux dieux.

Tout va vite, très vite.
Les producteurs arrivent, de grands sacs en jute à la main, remplis de roses à ras bord. Ils les arrosent d'eau, les roses. Pour les conserver, afin que leur riche parfum soit préservé le plus longtemps possible. Parfois aussi pour faire monter les prix. Ici comme ailleurs, c'est la loi de l'offre et de la demande qui régit le marché. Plus les fleurs sont grosses, plus elles sont chères. Hors saison, les prix montent également.
Les fleurs sont versées sur le sol puis pesées à la main.
Les acheteurs ? Des intermédiaires, qui viennent parfois de loin en bus, parfois de moins loin en taxi, et qui les revendront dans toute l'Inde pour les puja (offrandes au temple), les cérémonies, et les mariages.


Les roses vendues sont essentiellement de la variété Edward, ou Rose Barbarania. Les fleurs s'ouvrent aux alentours de minuit. Cueillies avant l'aube, elles seront apportées au marché dès 3 heures du matin. Après avoir donné des fleurs, les plants sont coupés. Il faudra attendre 45 jours pour qu'ils repoussent.
Très odorantes, les roses Barbariana ont un parfum particulièrement fruité damascones (pour parler jargon parfumerie), avec une note coulis de framboise.

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