Les voyages forment la jeunesse, dit-on. La jeunesse, certes, mais également la sensibilité, la mémoire...
Et l'odorat.
C'est pour me nourrir d'odeurs nouvelles et envoûtantes, et aller à la rencontre d'acteurs de la parfumerie, que je décide, en décembre dernier, de prendre mon sac à dos et de partir quelque temps dans le sud de l'Inde.
Mon métier de parfumeur m'a guidée au milieu des plantations d'épices, de fleurs, à la découverte d'odeurs et de saveurs exotiques, exaltées par la chaleur environnante.
Impressions olfactives, photos, anecdotes seront donc les maîtres-mots de ce blog, dans lequel, je l'espère, professionnels des odeurs et novices passionnés de l'Inde pourront trouver de quoi satisfaire leur curiosité...

mardi 9 février 2010

Au rythme des backwaters


Voguer sur un bateau au rythme lent des backwaters. Voila la promesse de tout séjour dans le Kerala aux alentours d'Alleppey et de Kottayam.
La traversée en ferry, de Kottayam à Alleppey, au soleil couchant, est un must. L'instant où les cocotiers commencent à se démarquer sur le rose du ciel, tels des ombres chinoises, est tout simplement magique.



Les amoureux choisissent généralement la location d'un houseboat, ou kettuvalam, pour 24 heures. Ces barges à riz traditionnelles, reconverties en hôtels flottants parfois ultra-luxueux, sillonnent les canaux les plus larges du Kerala.
Etant seule, la perspective de passer 24 heures sur un tel bateau dans un lieu aussi magnifique, sans pouvoir le partager avec quelqu'un de cher, me déprime quelque peu. Je choisis donc la solution "canoë", et partage ma journée avec deux anglaises rencontrées dans mon hôtel. L'option "canoë" permet de sillonner des canaux beaucoup plus étroits que les houseboats.

Après une heure et demie de ferry, nous arrivons au village de notre guide, où celui-ci nous mène chez lui et nous sert un breakfast fameux : nouilles de riz parfumées à la noix de coco, à peine sucrées. Un délice. Puis nous partons pour quatre heures de canoë à travers les backwaters.
Pour la faune : de nombreux martins-pêcheurs, quelques serpents aquatiques, quantité de libellules, et des canards qui, mariés au lait de coco et au gingembre, constitueront un plat savoureux.
Pour la flore: hibiscus, manguiers, arbres à noix de cajou, jacinthes d’eau (quel fléau !), cocotiers... (pas de banians, contrairement à ce que j'imaginais).
Nous passons dans des canaux très étroits. L’eau est tiède, presque pas rafraîchissante. Les canaux sentent le vert, la sève, les accords « eau douce », l’undecavertol, le vert de violette. Cela me rappelle étonnamment "Un Jardin après la Mousson, d'Hermès".
On entend les cris des oiseaux, rien d’autre. Parfois, au détour d'une église, quelques chants. Le rythme est paisible. Ici, la vie s'organise sur l'eau. Des femmes, çà et là, lavent leur linge à la rivière en le tapant contre une pierre. D'autres se lavent en sari. De nombreux ferries sillonnent ce dédale toute la journée, permettant aux habitants de gagner leur lieu de travail, aux enfants d'aller à l'école. 
En cours de route, nous goûtons de la noix de coco fermentée, tiède. Très étrange. Cela me rappelle vaguement le goût aigre du Chang, bière d’orge que j'avais goûtée au Ladakh il y a quelques années,  l'aspect noix de coco et la chaleur du breuvage en plus. Une gorgée suffit à me faire comprendre que je ne suis pas fan.
Retour chez notre guide, où nous passons à table et dégustons poisson frit, bananes-légumes frites, papaye légume, sur une feuille de bananier. La feuille de bananier sent le vert de concombre, pas du tout la banane. Nous prenons ensuite un thé massala face aux rizières, froissons une feuille de cannelier (qui sent bien la cannelle), avant de reprendre un ferry vers Alleppey au soleil déclinant. Charmante journée.
Au fur et à mesure que le jour avance, ça sent le feu. Cette odeur est assez omniprésente en Inde du Sud. Feu végétal, avec parfois une odeur plus âcre, lourde, presque toxique, étouffante.  
Une manifestation à laquelle je voudrais pouvoir assister un jour, et qui me donnera une excellente raison de revenir dans la région : la Nehru Trophy Boat Race, ou trophée Nehru, qui a lieu chaque année à Alleppey le deuxième samedi d'août, en pleine mousson. Au cours de cette course, une quinzaine de snakeboats, bateaux-serpents très fins, longs d'environ 45m, propulsés par une centaine de rameurs abrités par des ombrelles aux couleurs vives, s'affrontent sous les encouragements de la foule en délire. Des paris sont engagés et on assiste à l'évenement depuis des tribunes.

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Merci beaucoup pour votre intérêt et pardon pour le retard de ma réponse...
    Pouvez-vous m'envoyer une direction d'email où vous contacter pour répondre à vos questions ?

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