Les voyages forment la jeunesse, dit-on. La jeunesse, certes, mais également la sensibilité, la mémoire...
Et l'odorat.
C'est pour me nourrir d'odeurs nouvelles et envoûtantes, et aller à la rencontre d'acteurs de la parfumerie, que je décide, en décembre dernier, de prendre mon sac à dos et de partir quelque temps dans le sud de l'Inde.
Mon métier de parfumeur m'a guidée au milieu des plantations d'épices, de fleurs, à la découverte d'odeurs et de saveurs exotiques, exaltées par la chaleur environnante.
Impressions olfactives, photos, anecdotes seront donc les maîtres-mots de ce blog, dans lequel, je l'espère, professionnels des odeurs et novices passionnés de l'Inde pourront trouver de quoi satisfaire leur curiosité...

vendredi 5 février 2010

Un Noël à Palahally



"Appelle Father George si tu passes à Mysore", m'avait conseillé une amie avant mon départ. "Il s'occupe d'un orphelinat dans la région, il fêtera sans doute Noël."
Arrivée à Mysore le 23 décembre, j'appelle donc Father George, un peu au dernier moment, espérant qu'il me proposera la soirée du siècle pour le réveillon. 
Le Noël que j'ai passé dans le village de Palahally dépasse de beaucoup ce que j'avais espéré. Il est sans doute, à beaucoup d'égards, l'un des plus inattendus que je vivrai jamais.

Le 24 dans l'après-midi, Father George vient me chercher à mon hotel, et je prends place à l'arrière d'une voiture de type "familiale", avec 4 ou 5 enfants, direction Palahally, "petit" village de 12000 habitants à 15km de Mysore, où vivent notamment une quarantaine de familles catholiques.
A l'arrivée au village, les enfants qui me sont présentés m'appellent tous "Auntie". Me voilà embarquée par Divia, jeune prof d'anglais et de maths, ravissante dans son sari vert, qui m'emmène chez elle afin de me dessiner des motifs au henné sur les mains et les avant-bras.
Dîner en tête à tête avec Father George, simple mais bon, puis messe de Noël.


A l'intérieur, les gens sont pieds nus, en tailleur par terre, hommes d'un côté, femmes de l'autre. Les personnes les plus âgées sont assises sur des chaises dans le fond de l'église. Les femmes ont revêtu leur plus beau sari. C'est un festival de couleurs chatoyantes dans l'église. Les plus âgées se voilent et prennent garde à ce que pas une mèche ne dépasse. Bien entendu, je suis la seule occidentale. 
Pour communier, c'est comme partout ailleurs en Inde : on fait la queue serré.
Au son, un vieux keyboard accompagne les chants.
Après la messe, tout le monde se serre la main en se souhaitant « Happy Christmas », puis Father George bénit la première pierre de la future salle commune, qui permettra aux villageois de se réunir et de pratiquer des activités, notamment pendant la mousson. Les villageois prennent place autour du feu allumé pour l'occasion sur la place de l'église. Santa Claus vient distribuer des cadeaux aux enfants, puis la soirée se termine avec quelques jeux autour du feu.
Le 25, petit tchai avant d’aller à la messe. Il y a un baptême aujourd’hui. Une fois de plus, j'en prends plein les yeux.
A la sortie de la messe, Sister Fabina m’emmène quasiment de force au Ste Anne Convent où, après avoir entonné quelques chants de Noël devant la crèche, nous partageons un copieux breakfast de pappad et de curry de bœuf.
Je m’installe ensuite tranquillement au soleil, sur les marches de l’église, avec l'intention de rédiger quelques lignes et de lire un peu, mais appelons cela le comble de l’optimisme. Me voilà assaillie d’enfants qui veulent que je les prenne en photo, que je décline mon nom, le nom de mes parents, de ma sœur, de ma ville…

Nouvelle série de jeux sur la place de l’église. Aux chaises musicales, garçons et filles jouent dans deux parties séparées. L'après-midi, des garçons du village entament une partie de volley. L'équipe de Palahally est réputée dans la région, et chaque année le village organise un tournoi. 

Puis c’est la séance essayage de costume, puisque j’ai été réquisitionnée pour incarner l’Ange Gabriel dans le spectacle des enfants. J'enfile donc une sorte de grand poncho couleur argent et me prépare à agiter les mains au-dessus de la jeune fille qui jouera Marie. Le tout en rythme sur l'enregistrement de la voix de l'ange, en kannara (la langue locale). Tout un programme... Le spectacle démarre à 19h tapantes, car de toute façon à 20h l’électricité sera coupée, comme tous les autres soirs de l'année. 
Après le spectacle, je dîne avec les enfants. Au menu, biryani et curry de poulet sur feuille de bananier. 
Enfin, retour à Mysore, où ma chambre d'hôtel me semble bien austère après les deux jours insolites passés dans ce village où j'ai été reçue avec une hospitalité difficilement envisageable... 

2 commentaires:

  1. La lecture de cette "anecdote "est sobre et pleine d'émotions.
    Le visage de la femme sur la photo est lumineux et magnifique.

    RépondreSupprimer
  2. Tes photos sont magnifiques !
    Moi qui en décembre 2008 avais fais Delhi et le Radjastan, j'ai bien envie de faire le Sud maintenant !
    Marion G ;)

    RépondreSupprimer